Chers enfants de la société de consommation

Sandrine Dupuis
1 year ago | 13 min read
Chers enfants de la société de consommation

Les gens décrivent des situations qui sont de véritables pièges dans lesquels ils tombent et lorsqu’ils parlent de leurs problèmes, ils ne réalisent pas qu’ils sont la conséquence inévitable de leurs choix.

4 histoires-problèmes racontées

1. Une femme se plaint de la crise financière actuelle Elle explique que son couple travaille à plein temps et qu’ils ont 2 jeunes enfants. Le couple rencontre des difficultés à joindre les 2 bouts. Puis elle parle de leur mode de vie. Ils ont acheté une maison dans laquelle ils exécutent des travaux de rénovation. A cause du coût et du temps que cela demande, ils ne sont pas partis en vacances ces 3 dernières années. Et elle s’écrie : « vous vous rendez compte que mes enfants n’ont pas encore pris l’avion une seule fois ! ».

- Qui a dit que nous devions absolument partir en vacances chaque année ? 

- Qui a dit que les enfants doivent prendre l’avion dès leur plus jeune âge ? 

2. "C’est vrai que c’est difficile. Ma fille de 11 ans a un smartphone qui a coûté 650 euros mais il est devenu complètement dépassé. Elle en veut un qui coûte 1800 euros. Ce n’est donc pas facile d’acheter à nos enfants ce dont ils ont besoin."

- Ce smartphone est-il quelque chose dont elle a besoin ou un objet dont elle a envie ?

Elle n’entend pas ce que je souligne et enchaîne en disant que dans la classe, les autres enfants ont ce type d’appareil et qu’il est donc important que sa fille ne se sente pas diminuée et qu’elle aussi puisse bénéficier d’un beau smartphone.

- A-t'elle déjà songé au fait que les autres parents sont probablement dans le même cas ?

Il y a parfois une famille plus aisée mais la plupart des gens ont le même budget qu’elle. A force de tenir compte du jugement des autres, ils sont dans une surenchère permanente.

3. un couple proche de l’âge de la pension a un fils d'une trentaine d'années qui vit encore chez eux. Il ne travaille pas, s’occupe royalement depuis le fauteuil. Ses parents, pour le remercier d’avoir conduit le papa à l’hôpital pour divers soins lui achètent une voiture. Il est en âge de subvenir à ses besoins mais il ne travaille pas, profite de l’hospitalité prolongée chez ses parents et reçoit un énorme cadeau pour avoir rendu un petit service.

4. Un père s’exclame que l'alcool est un fléau et qu’il est bien regrettable que des boissons alcoolisées soient offertes gratuitement aux jeunes, que ce sont des incitants et qu’on devrait interdire ce genre de pratiques. Je m’étonne de la quantité d’argent dont les jeunes ont besoin pour s’acheter des alcools durs et demande à ce père comment il gère le problème avec son fils. Il ne voit pas ce qu’il peut faire. Il me dit que pour sortir, il faut entre 300 et 400 euros et qu'il faut bien qu'il les donne à son fils.

Nous créons notre vie

Toutes ces personnes ont un salaire moyen, travaillent avec des horaires parfois difficiles, se plaignent des problèmes rencontrés et pourtant aucune ne voit qu’elles ont chacune créé de toute pièce la vie qu’elles vivent.

Les gens se réfèrent à leur passé et comme beaucoup d’entre eux ont éprouvé le manque, ils veulent que leurs enfants reçoivent davantage de choses et ils tombent dans le piège de l’excès. 

Plus d’argent, plus de biens, plus de vacances, de plaisirs, de loisirs, de droits… et finalement, beaucoup plus de confrontations, d’exigences, de tensions et de mal-être.

Si le manque matériel est certes inconfortable, avez-vous déjà remarqué comme l’attente pour quelque chose dont vous rêvez est exaltante. Avez-vous aussi remarqué qu’une fois en votre possession, l’objet de vos désirs perd de sa superbe au fil du temps. Un autre désir se manifeste, une nouvelle joie se profile qui pour finir, s’éteint peu à peu de la même manière.

Lorsque vous comblez tous les désirs de vos enfants, vous ne leur permettez plus de goûter à la joie de l’attente. Leur imaginaire n’a plus l’occasion de fonctionner, les rêves sont cours-circuités parce que tout leur tombe dans la bouche. Ils n’ont pas le temps d’apprécier l’attente.

D’autre part, vous ne leur apprenez pas à faire la différence entre un besoin et un désir. Mais sans doute que vous ne le savez pas vous-mêmes. Si vous répondez au jugement des autres, à la peur des on-dit, vous répondez au désir de plaire, pas au besoin d’éduquer correctement vos enfants. Nous devons tous apprendre à distinguer les besoins et les désirs. Il y a les besoins vitaux comme manger et dormir, le besoin de sécurité, celui de se sentir appartenir à une famille et un groupe d’amis, celui de se sentir utile sur cette terre. Des chaussures peuvent être un besoin quand on n’en a pas mais ils deviennent un désir quand on en a déjà plusieurs paires... et cela n'est pas mal de posséder plusieurs paires de chaussures à la condition que les achats ne nuisent pas à l'équilibre du budget. 

Les biens matériels ne sont pas mauvais

En tant que parents, nous avons le devoir d’assurer l’existence de nos enfants jusqu’à un certain âge, après quoi, ils se prennent en charge eux-mêmes. Tant qu’ils sont petits, bien entendu, c’est aux parents de les nourrir et de leur procurer des vêtements. Et il est bien normal de désirer des jouets tout comme les adultes désirent d’autres objets. Il n’y a rien de mal à posséder telle ou telle chose. 

Si vous avez suffisamment d’argent pour acheter de beaux objets, partir en vacances, fréquenter les restaurants et les loisirs coûteux, ce n’est pas mal en soit. Ce qui est dommage, c’est de croire qu'en les possédant, on devient heureux, que l’on rend ses enfants heureux.

Rappelez-vous, la joie de l’obtention ne dure pas toujours. Une fois un objet possédé, la joie diminue et l’on se met à espérer autre chose. Nous courrons constamment après quelque chose. La vie devient une course sans fin et le bonheur paraît inatteignable puisqu’il faut toujours autre chose. Le manque se ressent de l’intérieur parce que c’est là qu’il se situe vraiment.

De plus, quand vous gâter trop vos enfants, que vous les habituez à un certain mode de vie rempli d’objets de consommation, de futilités, vous leur enseignez surtout que sans ces choses, ils ne sont rien. Vous leur enseignez que notre valeur dépend de notre portefeuille et vous êtes donc en train de programmer de futurs malheureux. 

Lorsqu’ils se lanceront dans la vie active et commenceront avec un salaire de base, ils ne pourront pas s’acheter ce à quoi vous les avez habitués et ils en souffriront. De plus, ils vous auront vus vous sacrifiez pour eux et soit ils penseront que c’est ce qu’ils doivent faire à leur tour, soit ils ne voudront pas vous ressembler. Ils vont donc se contraindre à rentrer dans le moule et se plieront en 4 pour leurs enfants de plus en plus exigeants. Ou bien, pour avoir une vie comme la vôtre, ils penseront « autant ne pas travailler », dépendre de l’aide sociale, voler, se prostituer ou vendre de la drogue. Ça rapporte plus. N’est-ce pas déjà ce que vous entendez parfois autour de vous ?

Cette société dont tout le monde se plaint, c’est la nôtre

La vie est un jeu mais nous décidons par nos actions de rendre ce jeu agréable ou pas.

L’éducation devrait ressembler à un jeu de l’oie. Il y a un cadre, des règles et lorsqu’on tombe sur certaines cases, il y a des conséquences.

Un enfant qui arrive dans le jeu de la vie devrait connaître le cadre sécurisant de sa famille. Celle-ci lui apprendra les règles du jeu internes à la famille et externes pour vivre en société. C’est en connaissance de cause que l’enfant évoluera. Il aura appris de ses parents que le feu brûle, que manger trop vite donne mal au ventre, etc… puis il apprendra par ses propres expériences ce qui lui convient ou pas et que toute action entraîne une conséquence.

Vous entendez bien que je ne prononce pas le mot punition. Je ne les aime pas. En revanche apprendre que nous avons des responsabilités est un enseignement de base qu’il est sage de transmettre à ses enfants. Apprendre que lorsqu’on renverse, il faut essuyer, que lorsqu’on casse, il faut réparer… et que parfois certains actes ne sont pas réparables et qu’il faut aussi apprendre le pardon, le lâcher prise, le respect, l’authenticité, l’équité, le partage, etc.

Autant les enfants-rois sont voués à être malheureux et à détruire le semblant d’équilibre précaire d’une famille, autant inculquer aux enfants la recherche du bonheur intérieur les amène à s’épanouir complètement et génère une vie agréable pour le groupe familial et sociétal.

Un enfant-roi est un enfant à qui on a appris qu’il avait des droits et il le manifeste à tout propos.

Un enfant discipliné à outrance est un enfant-esclave, un enfant qui a appris qu’il a des devoirs, que les besoins des autres sont plus importants que les siens et qui, sa vie durant, fera en sorte de satisfaire les autres mêmes au détriment de sa vie, comme si celle-ci avait moins d’importance que celle des autres, en l’occurrence, celle de ses enfants.

Remarquez que ce sont les enfants-esclaves des générations précédentes qui produisent les enfants-rois d’aujourd’hui, des parents contraints de devoirs au service d’enfants pourvus de droits.

Et si nous quittions ces processus. Si nous réalisions que trop d’exigences et trop de laxisme conduisent à des schèmes anti-bonheur, complètement insécurisants, basés sur la croyance du manque et le besoin de combler les manques internes ressentis ou imaginés par des choses externes à soi.

Le pire est que votre besoin d’être aimé, d’être apprécié de vos enfants sera grandement déçu. Vous avez appris à vos enfants à se servir de vous pour obtenir. Vous ne leur avez pas appris à donner et à partager. A force de donner à outrance, vous en devenez aigri. Il est probable que vos enfants se détournent de vous et vous direz : « après tout ce que j’ai fait pour eux ! ».

Et si nous faisions marche arrière

Si au lieu de focaliser notre attention sur ce que nous n’avons pas, nous prenions conscience de ce que nous avons et de ce que nous sommes. Si au lieu de tourner notre regard sur le monde extérieur, nous le tournions vers l’intérieur. Que découvririons-nous ?

Nous découvririons un espace infini qui dépasse les limites de notre corps, un champ immense de possibilités, de créativité et de sérénité. Ce champ se trouve hors des limites du temps et de l’espace, au plus profond de nous-même. 

Comment y accède-t-on ? Par une respiration lente et profonde, par la méditation, par un arrêt sur le sentiment de présence. Au début, ce sont des prises de conscience et des exercices pour apprendre à ressentir et à trouver le chemin qui ramène au soi. Par la suite, les pratiques laissent la place à un nouveau mode de vie naturellement paisible.

Quand vous touchez votre essence profonde, vous réalisez ce que vous êtes vraiment, vous comprenez que vous êtes complet et lorsque rien ne manque à l’intérieur, il n’y a plus les mêmes désirs de plein d’objets extérieurs à soi. On peut toujours aimer vivre dans une jolie maison mais le bonheur ne dépend plus du fait de l’avoir ou non. Le sentiment de sérénité est plus puissant que les joies éphémères. 

L’éveil nous offre des enfants-dieux

Lorsque vous vous éveillez à votre nature profond, vous sentez que vous êtes relié à la source dont nous provenons tous, vous prenez conscience de votre divinité, de votre appartenance à la source, à Dieu ou à l’univers. Vous savez alors que vos enfants en font partie eux aussi. Vous êtes et ils sont enfants de Dieu, gouttes de la source ou étincelles de l’univers. Vous et vos enfants ne sont ni esclaves ni rois. Vous êtes et ils sont bien plus qu’un titre ou une condition. Nous sommes la vie, nous faisons partie de Dieu. 

Pensez-vous que Dieu veut crever toute une année pour 2 semaines de vacances. Croyez-vous qu’il veuille un smartphone dernier cri ?

En fait, il ne veut rien puisqu’il est tout, il a tout. Les seuls qui manquent de quelque chose, c’est nous. Sauf si nous prenons conscience de notre provenance. Dans le plus grand calme intérieur, nous ouvrons notre cœur et nous accédons au tout.

Cela vous paraît idyllique, impossible ? Et bien si votre vie vous réjouit en tous points, continuez. Si ce n’est pas le cas, cela ne coûte pas grand-chose d’essayer une autre façon de vivre.

Tant que vous continuez à faire la même chose, vous obtiendrez le même résultat. 

Si vous souhaitez un autre résultat, il faut changer quelque chose dans l’équation. C’est ce que je vous invite à faire. 

Il n’est jamais trop tard. Si vos enfants sont devenus vos tyrans, cessez d’être leurs geôliers. Sortez tous de la prison dans laquelle vous vous êtes enfermés. Réfléchissez à ce que vous êtes en mesure de changer. 

Moins = Plus

Moins de jeux vidéo et de smartphone et plus d’attention et de vraies conversations, moins de frites et de coca et plus de fruits et de légumes, moins de télévision et plus de vélo… revoyez votre vie, conservez ce qui vous sert et débarrassez-vous de ce qui vous nuit. Débrancher la console qui ne console rien du tout et rebranchez-vous sur votre cœur. 

Apprenez la méditation, la relaxation, la marche dans la nature. Ralentissez, respirez et écoutez davantage que vous ne parlez. Dessinez, chantez, développez votre créativité. Faites une activité par semaine avec votre famille et une autre rien que pour vous. Vous courrez après quoi ? Votre mort ? Elle viendra bien assez vite. Profitez de votre vie et donnez-vous le bonheur que vous méritez. Personne ne le fera à votre place.

Aimez vos enfants de tout votre cœur et non de tout votre portefeuille et réjouissez-vous de tous les moments que vous vivez ensemble. Retrouvez le chemin du cœur et cessez de suivre celui des consommateurs, ne faites-pas de vos enfants des rois-tortionnaires.  Vos enfants doivent être les rois de votre cœur, ils sont les Dieux de l’amour. Ils ont besoin de guides solides et entiers, eux-mêmes remplis d’amour et de présence, ne permettant pas aux tous petits de se mettre en danger et autorisant le plus grands à vivre leur vie dans le respect du cadre et de ses règles. La liberté n’est pas de faire n'importe quoi mais de tout faire dans le respect de soi et de l’autre.

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